Pour ne pas perdre le contact avec le public, ni la dynamique enclenchée par le festival Première Rencontre Autour Du Piano depuis douze ans maintenant, l’association Gwadloup Groove lance le concept original et « made in Guadeloupe » du Piano à Bretelles. Comme l’explique son président, Steve Nuissier, ce substitut économique du piano, représente également ici la solution de remplacement temporaire du festival, durant les années compliquées que nous venons de vivre en raison des problèmes sanitaires. C’est la DAC Guadeloupe – et donc le Ministère de la Culture – qui a permis la réalisation du Piano à Bretelles, grâce à un financement dédié. Gwadloup Groove s’est alors tournée vers les structures Antilles Média en Guadeloupe et Jazz And People à Paris, pour réaliser ces portraits de pianistes qui ont marqué le festival ces dernières années. À Paris, c’est Vincent Bessières, partenaire de longue date du festival – il avait fait venir le concept At Barloyd’s en 2019 – qui en a assuré la réalisation. En Guadeloupe, des prestataires locaux ont par ailleurs été mis à contribution, comme Agnès Djafri (visuel), Mickael Benjamin (son), Passerel Prod (images d’archives), afin de renforcer le réseau et la coopération autour du festival. Au long de ces portraits, on retrouvera ainsi des entretiens, des extraits de concerts ainsi qu’un volet pédagogique, car la transmission reste un objectif fort pour l’association. Le premier de cette série de portraits sera celui du pianiste Franck Amsallem et sera publié ce mardi 15 mars 2022 sur les réseaux sociaux, le site du festival et celui d’Antilles Media.

Né en 1945 à Pointe-à-Pitre, Alain Jean-Marie apprend le piano en autodidacte dès l’âge de huit ans. Adolescent, il fait ses débuts professionnels dans les bals en Guadeloupe, et en particulier au sein de l’orchestre de Robert Mavounzy. De 1967 à 1970, il s’établit au Canada, puis revient aux Antilles. En 1969, il enregistre les prémices d’une série qui débouchera vingt-huit ans plus tard, “Piano Biguines”.

En 1973, Alain Jean-Marie s’installe à Paris. Rapidement reconnu comme un partenaire de premier choix, il est abondamment sollicité et accompagne régulièrement les plus grands : Chet Baker, Sonny Stitt, Art Farmer, Johnny Griffin, Lee Konitz, Bill Coleman, Max Roach, Christian Escoudé… Prix Django Reinhardt en 1979, Alain Jean-Marie multiplie les collaborations : Dee Dee Bridgewater, Niels-Henning Orsted Pedersen, Abbey Lincoln, etc. Il joue et enregistre aussi avec Barney Wilen, Henri Texier et Aldo Romano, Michel Graillier.

En 1992, il vient sur le devant de la scène avec la suite de Piano Biguines, Biguine Reflections, qui sera suivi de trois autres opus. Il puise dans ses racines antillaises, et y adjoint sa culture be-bop dans un mariage biguine-jazz particulièrement réussi, et où il rend hommage aux fondateurs, Al Lirvat, Robert Mavounzy… En 1997, il enregistre avec le guitariste André Condouant, et en 2001 avec le saxophoniste Jocelyn Ménard. En 2002, il enregistre à New York, avec un collectif de musiciens antillais sous la houlette du trompettiste Franck Nicolas, “Jazz Ka Philosophy”, manifeste autour de la fusion gwo-ka et jazz.

En 2009, Thierry Gairouard propose à Alain d’enregistrer un album autour du gwoka et des rythmes traditionnels de Guadeloupe. Ce sera l’album Gwadarama, avec Mano Falla, Roger Raspail et Raymond Grégo, et qui inclue deux compositions de Franck Nicolas. Le projet est présenté sur la grande scène du festival de jazz de Pointe-à-Pitre en fin d’année. Franck Nicolas fait de nouveau appel à Alain pour son nouvel opus de Jazz Ka Philosophy, “Kokiyaj”, qui sort en 2010. Alain enregistre aussi le duo créé en 2001 avec son épouse, la chanteuse lyrique Morena Fattorini. Abandon à la Nuit mêle lyrique, jazz et rythmiques latino-afro-caribéennes.

En avril 2014 parait NightScape, en duo avec le jeune guitariste Paul Abirached, puis en 2015, c’est un duo avec le saxophoniste François Ripoche qui parait, The Peacocks, qui reprend un choix subtil de standards.

L’année 2017 voit Alain participer à des projets caribéens très divers. C’est d’abord Jean-Claude Montredon, batteur emblématique des Biguines Reflections, qui publie enfin le premier album sous son nom, et ne manque pas d’inviter le pianiste. Autre complice de toujours, Roger Raspail publie son deuxième album, Dalva, qui réunit de nombreux amis de longue date. On retrouve Alain sur le premier album du bassiste Stéphane Castry, et finalement, ce sont Thierry Vaton et Tony Chasseur qui font appel à lui pour le quatrième opus du big band Mizikopéyi. En 2018, le guitariste Jean-Claude Gaspaldy et le pianiste Hiroshi Murayama se lancent dans le projet de retranscrire les chorus d’Alain Jean-Marie.

Alain continue bien sûr à se produire, entre autres avec ses deux amis Patrice Caratini et Roger Raspail. Ce Tropical Jazz Trio est finalement enregistré en 2019. Début 2022, Alain Jean-Marie retrouve la chanteuse Annick Tangorra, qu’il a l’habitude d’accompagner en concerts piano – voix, pour un album intimiste en duo, Time For A Cry, qui sort chez Aztec Musique.

(d’après le Bananier bleu)

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